La pensée d’Aimé Hamann se caractérise par le mouvement et l’effort constant pour demeurer au plus près de l’expérience. Elle n’est pas à prendre comme une fin en soi, une vérité à laquelle il faut adhérer. Jusqu’à la fin de sa vie, Aimé Hamann a cherché à comprendre le devenir humain et la façon dont ce devenir s’incarne en chacun. Il nous lègue sa réflexion, sa rigueur, et l’élan pour approfondir notre vie et notre compréhension de l’humanité.
Le passage à l’ontologique, à l’interdépendance
Au cœur de la réflexion d’Aimé Hamann: l’ontologique. Un terme qui, pour lui, marque un passage. Le passage qui s’est fait, de l’expérience de l’involontaire, longtemps perçue comme à l’origine de la recherche, à la position ontologique. Une position qui implique l’habitation de tout de soi, comme c’est, comme c’est organisé, comme ça expérimente subjectivement. Position à l’origine même de l’involontaire.
Passage à l’ontologique, passage à l’interaction d’interdépendance. Une interaction où tout vient nous donner notre être. Tout est reçu, donnant d’être. Une position qui ne peut être prise que par quelqu’un, ou un petit groupe où les participants ont eux- mêmes longuement expérimenté la position avec quelqu’un, devenant ainsi porteur de la position, chacun et comme groupe. Une position qui implique une rigueur à renouveler sans cesse.
La psychothérapie a été, et est toujours, un lieu privilégié de recherche, d’expérience et d’élaboration de l’ontologique. L’ontologique, impliquant tout de soi, est toujours psychothérapie. Et pourtant, l’ontologique est toujours plus que psychothérapie; elle est paradoxalité, quête de sens, démarche.
La position ontologique ne change pas la réalité, mais fait en sorte que la réalité, comme elle est, donne et reçoit d’être. Cette position dévoile l’involontaire – corps ontologique – et l’interaction d’interdépendance. Elle ouvre sur la paradoxalité, fait apparaître la co-devenance, l’être co-devenant, processus et mouvement sans limite.
L’ontologique est présent depuis toujours, potentiellement, inhérent à la matière, prenant dans le processus du devenir humain une forme particulière. L’humanité est recherche d’interaction ontologique. Mais pour apparaître et devenir, le passage par et dans l’institution était incontournable. Il l’est toujours. L’institution est recherche de l’ontologique. Mais l’ontologique n’est plus institution. Et pourtant, l’ontologique, c’est l’humanité, co-devenue institutionnellement sous la forme de chacun, mais habitée et reçue. C’est ce qu’il y a, qui a à être et à donner d’être.
Aimé Hamann accompagné de Sophie Hamann Février 2015